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REX de notre visite au salon Made in France organisé par Première Vision

Notre équipe s’est rendue les 1er & 2 septembre 2020 au Carreau du Temple à Paris, pour assister au salon Made in France organisé par Première Vision. Le salon Made in France, c’est LE salon parisien des façonniers tricolores. Au rendez-vous, une centaine d’exposants venus mettre en lumière leur savoir-faire et leurs expertises. 4 conférences ont été animées autour d’un sujet d’actualité : la relocalisation de la filière textile. Un hackathon a également eu lieu- avec pour objectif d’apporter des solutions concrètes à des marques en recherche de partenaires industriels pour produire en France. Plus de 3500 visiteurs, professionnels de la mode et du textile sont venus à la recherche de compétences industrielles.

Notre directeur Philippe BLANCHART a assisté aux deux premières conférences du salon :

  • « LA LOGIQUE DE FILIÈRE DE A À Z » animée par Pascal Gautrand, fondateur de Made in Town et consultant Première Vision, accompagné de Eric Boël, Dirigeant Les Tissages de Charlieu et Thomas Huriez, Président de 1083.
  • « LE B.A.-BA DES PRATIQUES COLLABORATIVES » avec les participations de la Ministre Agnès Pannier-Runacher, Guillaume de Seynes, Président du Comité Stratégie de Filière Mode et Luxe, Yves Dubief,Président de l’Union des Industries Textiles, Guillaume Gibault, Président du Slip Français, Léa Marie, Directrice Adjoint Habillement à l’IFTH, Sophie Pineau, membre du Conseil d’Administration du GFF et Présidente Getex, Marc Pradal, Président de l’UFIMH et PDG de Kiplay et Clarisse Reille, directrice générale du DEFI.

Voici ce qui est ressorti de ces 2 premières conférence du salon Made In France

Au travers de ces 2 conférences, nous avons ressenti que la crise du COVID a joué un rôle de catalyseur. Elle a mis l’industrie du textile au premier plan pour la fabrication des masques. Cette situation contraste avec les délocalisations vers l’Asie qui ont dominé cette filière depuis trente ans.

Face à la pénurie de masques, les différents acteurs de la filière se sont mobilisés. Ils ont appris à se redécouvrir et à partager leurs savoir-faire. En fin de compte, ils ont pris conscience de la pertinence et de l’importance d’une filière textile Made in France.

Certaines marques émergentes comme 1083 ou le Slip Français en ont fait leur stratégie d’entreprise. Et elles connaissent aujourd’hui un certain succès, notamment grâce à ce positionnement. Tout l’enjeu de la filière, au-delà de la fabrication des masques, est donc aujourd’hui de travailler à la mise en place d’un nouveau modèle économique Made in France pérenne. Il est aussi primordial d’accompagner la transformation digitale et organisationnelle des entreprises pour atteindre cet objectif. 

Photos du salon Made In France datant de septembre 2020Photos salon septembre 2020 © Alexandre Gallosi

Au deuxième jour du salon Made In France, notre équipe s’est rendue à 2 nouvelles conférences particulièrement intéressantes :

  • « JE RELOCALISE, TU RELOCALISES, NOUS RELOCALISONS » animé par Lucas Delattre, Professeur en communication à l’IFM et accompagné de Paul Boyer, Fondateur et Directeur Général LINportant, Yves Jego, président de Pro France / Origine France Garantie et Rodolphe Meersschaert, Directeur de production agnès b.
  • « À LA RECONQUÊTE DES TERRITOIRES » conférence menée par Pascal Gautrand, assisté de Nadia Bedar, Directrice du projet de candidature Patrimoine de l’humanité auprès de l’UNESCO pour le pays de Millau, Sylvie Bénard, Présidente de Paris Good Fashion et Laurent Vandenbor, Délégué Général Mode Grand Ouest.

Cette deuxième journée de conférences a débuté avec le constat suivant : la mondialisation a atteint son paroxysme. Yves Jego a illustré cette réalité avec une anecdote sur la production de cornichons. Il y a quelques années, certaines industries françaises ont fait le choix de délocaliser la production de cornichons en Inde (où le climat permettait une récolte plus importante et où le faible coût de main d’œuvre engendrait la baisse du prix de revient). Face à cette nouvelle concurrence, les plus petits producteurs ont dû s’adapter. Ils ont donc trouvé un marché en Europe de l’Est.

Résultat : aujourd’hui plus de 80% des cornichons consommés en France viennent de Chine. La majorité de la production française de cornichons est envoyée à des milliers de kilomètres avant d’être consommée… Voilà donc « une des nombreuses aberrations de la mondialisation… »

Cet exemple illustre parfaitement les limites de notre système et la nécessité de revenir à un « bon sens paysan ».

Photos du salon Made In France datant de septembre 2020Photos salon septembre 2020 © Alexandre Gallosi

Relocaliser, oui mais comment et à quel prix ?

Malgré la prise de conscience collective et la meilleure volonté des industriels, la mise en route de la relocalisation se heurte à une réalité économique. Le consommateur, bien que de plus en plus exigeant sur les origines de ses produits, ne sera pas prêt à payer son produit plus cher qu’à l’accoutumé.

La relocalisation nécessite donc un changement du business model avec des produits aux marges divisées (par rapport à des produits fabriqués en Chine) et une refonte du marketing produit. Celui-ci doit être orienté vers la transparence des marges, de l’origine de la matière et du lieu de fabrication. Cela permettra ainsi la responsabilisation du consommateur lors de son acte d’achat.

Mais que signifie l’origine « France » aujourd’hui ?

Le code des douanes considère un produit français si la dernière ouvraison principale a été réalisée en France et que 45% du prix unitaire est produit en France. Cette définition ne reflète certainement pas celle des consommateurs. Dans l’imaginaire collectif, le Made in France fait plutôt appel à un produit dont les matières premières sont produites en France et chacune des étapes de fabrication également… Un produit 100% tricolore en somme.

Paul Boyer, Directeur de LINportant nous explique ceci : la France est le premier producteur mondial de Lin. Pourtant, une fois la récolte terminée, le lin va transiter dans différents pays (Asie, Italie…) pour poursuivre les étapes de sa conception : le teillage, le peignage, la filature, le tissage, le tricotage, l’ennoblissement … De ce fait, peut-on étiqueter un t-shirt en lin comme étant « fabriqué en France » ?

La notion même de « Made in France » doit être redéfinie pour assurer une réelle transparence envers le consommateur.  Elle doit également être mieux protégée, car aujourd’hui l’étiquetage « Made in France » est très peu contrôlé, basé sur du déclaratif et donc soumis à de nombreuses fraudes marketing.

 

Photos salon septembre 2020 © Alexandre Gallosi

 

Est-ce possible sur des produits complexes tels que le textile ? De la production de la fibre à l’assemblage du produit fini, est-on capable de créer des produits 100% français ?

Le territoire français fait face à un manque de compétences dû en partie au désamour des métiers manuels. Ce n’est certainement pas Rodolphe Meersschaert, Directeur de production chez agnès b qui vous dira le contraire. Il cherche désespérément un façonnier pour produire ses costumes en France. Le savoir-faire n’existe plus. Et quand il existe, les façonniers ne sont pas toujours en mesure de répondre aux exigences de quantité ou de prix. Ils rencontrent de nombreuses difficultés à recruter. Ainsi, la relocalisation induit un changement sociétal et une valorisation des métiers manuels.

Et donc, la relocalisation est-elle possible ?

Oui avec une condition : la nécessité de collaborer et fédérer les acteurs. Une marque, une entreprise, un gouvernement ne peuvent porter seuls le projet de relocalisation. Il faut réunir les acteurs communs d’un même territoire pour créer une dynamique et permettre la réussite du projet.

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